Conférence "Quelle(s) science(s) pour la durabilité ?"
Amphi 219
Ingénieur agronome, politologue, ayant exercé au sein de grandes institutions telles que l'Agence Fran?aise de Développement (AFD), ou en tant que conseiller ministériel, sur les enjeux de conservation des ressources et de la biodiversité, il opère à présent au sein de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) afin de réfléchir et d'encourager à la transformation des institutions à l'aune des crises que nous connaissons.
Le 5 mars dernier, Le P?le Sciences de la durabilité avait le plaisir de recevoir et d’écouter dans le cadre de sa première conférence Gilles Kleitz, directeur délégué adjoint à la science au sein de l’Institut de Recherche et Développement (IRD), à la Maison des Sciences de l’Homme. Cette intervention a constitué une très bonne entrée en matière pour qui n’était pas familier de la Science de la durabilité (SdD) tout en proposant des actions précises entreprises au sein de l’IRD pouvant bénéficier aux acteurs clermontois plus ou moins impliqués dans cette démarche également.
G. Kleitz a rappelé le contexte d’émergence et l’adoption des Objectifs de Développement Durable (ODD) qui sont à appréhender de manière conjointe. Ces ODD, au nombre de 17, portant notamment sur la lutte contre la pauvreté, l’éducation, l’égalité des sexes ou encore l’assainissement et l’eau potable, constituent la boussole de la Science de la durabilité. L’intervenant a ensuite présenté une définition collectivement acceptée de cette SdD fondée sur quelques fondamentaux comme l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité et la co-construction des recherches, la prise en compte immédiate des impacts de ces recherches, l’intégration des limites planétaires, la complexité et la dimension transformative. Elle se veut une science réflexive, collaborative et ? problem-based ?, orientée vers des solutions justes et durables. Elle implique donc un changement de paradigme scientifique.
Une mise en perspective de ce développement au sein de l’IRD a ensuite été proposée. Après un rapide retour historique de l’institution, plusieurs éléments concrets ont permis de rendre compte de cette transformation depuis le début des années 2020. Il s’agit en premier lieu des Communautés de Savoirs (CoSav), au nombre de 9, qui sont des espaces de réflexion et d’action ouverts sur les ? grands défis scientifiques ? (biodiversité, changement climatique, One Health, terres et sols, migrations etc.). Elles donnent lieu à des formations, des séminaires/webinaires, des ateliers, des publications. L’IRD entretient également une culture de l’impact. Le dispositif ? Impact Lab ? a pour objet d’analyser l’impact des travaux de recherche sur la société. Par ailleurs, la convention pour une transformation écologique et sociale de l’IRD a été adoptée en mars 2024. Elle vise à réduire l’impact environnemental de l’institution. Fondée sur les réflexions de 40 agents tirés au sort devant en représenter la diversité, elle aboutit en juin à la publication d’un rapport articulé en 18 objectifs thématiques et 42 pistes d’action. Le développement de la SdD passe en effet également par des réflexions sur la transformation des institutions de recherche et d’enseignement. Les questions des modes d’évaluation, des recrutements (inter-CSS (Commissions Scientifiques Sectorielles)), ont été évoquées. L’IRD a ainsi entrepris le recrutement de jeunes chercheur-euse-s en SdD pensé-e-s comme agents de cette transformation. Enfin, Gilles Kleitz a abordé la nécessité des partenariats internationaux (Danemark, Japon) afin de bénéficier de l’expertise déjà établie.
Les échanges se sont ensuite concentrés sur les manières de transformer les institutions, de convaincre le collectif de cette nécessité face aux potentielles réticences disciplinaires ; mais aussi plus spécifiquement sur l’existence de travaux épistémologiques et méthodologiques de la SdD ; sur l’appréhension et l’intégration des savoirs autochtones. On notera également les questionnements d’étudiants portant sur ces transformations laissant penser que la communauté étudiante n’est pas désintéressée de ces enjeux.