DU Gestion de Crise, Pédagogie et Gamification

La science moderne doit sans doute beaucoup à l’inférence statistique. Mais face aux situations de crise qui naissent des grandes catastrophes naturelles ou humaines, que peuvent nous dire les données du passé sur des situations toujours singulières, à aucune autre pareille ? Chaque éruption volcanique, chaque tremblement de terre, chaque épidémie est, à sa manière, unique. Telle catastrophe touche une zone densément peuplée dans un pays émergent (séisme de 1988 en Arménie), telle autre affecte des installations industrielles stratégiques dans un pays riche (accident nucléaire de Fukushima), telle pandémie touche des milliards de personnes (crise sanitaire du COVID-19). Si les causes peuvent être modélisées au regard des connaissances accumulées dans le domaine des sciences de la terre ou de l’épidémiologie, les conséquences de ces ? cygnes noirs ? sont toujours uniques parce qu’ancrées dans des contextes où les prédicteurs restent vecteurs d’estimations et non de réalités. Leurs effets sur les sociétés humaines sont propres à chaque situation, à chaque contexte socio-économique, à chaque modèle social.

Les situations de crise qui naissent de ces catastrophes ont un caractère hybride. La catastrophe naturelle a en effet des répercussions à tous les étages de la société : conséquences économiques, conséquences sociales, conséquences écologiques, voire géopolitiques. Partant de ce postulat, étudier ces situations de crise et développer des méthodes de gestion adaptée, requiert la nécessaire prise en compte des phénomènes étudiés dans toute la pluralité de leurs dimensions.

Ces éléments sur la singularité du système catastrophe-crise conduisent à penser que l’étude de ce dernier nécessite une méthodologie qui ne soit pas fondée uniquement sur l’inférence statistique car, les conséquences sont intrinsèquement liées au moment et à l’endroit où les choses arrivent. Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple des mesures de confinement et de fermeture des frontières mises en place dans le cadre de la pandémie actuelle : que nous enseignent les statistiques issues du passé ? Rien, car jamais une telle mesure ne fut prise dans l’histoire de l’humanité. Les evidence-based policies sont dès lors prises en défaut, car elles n’ont pas d’échantillons dans lesquels puiser de la connaissance. Il faut donc aller au-delà de l’inférence statistique et compléter nos connaissances actuelles en allant chercher du c?té des méthodes analytiques. Compléter plut?t que de remplacer, car il ne s’agit pas d’opposer ici les approches quantitatives et les approches qualitatives. Il s’agit plut?t d’adopter une approche mixte tirant parti des apports des deux démarches.

Notre projet s’inscrit donc dans une volonté, d’une part, de mener des recherches en s’appuyant sur ces deux approches, et, d’autre part, d’utiliser les connaissances produites à des fins de formation. Enfin, la mise en place d’une formation dédiée à la gestion de crise visera à diffuser ces mêmes connaissances à un large public. L’entreprise Symbio sera directement associée à ce projet en la personne de Rapha?l De Vittoris, Directeur de la gestion des risques, de crise et du contr?le interne de Symbio après 10 ans passé en charge de la gestion de crise du Groupe Michelin, titulaire d’un doctorat en sciences de gestion spécialisé sur la gestion de crise et auteurs d’ouvrages et d’articles scientifiques sur le sujet.